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Bien-être psychosocial postopératoire de 207 transsexuels

Introduction

Depuis plus de 20 ans, l’unité de transsexualisme de l’hôpital Foch accueille des demandes de changement de sexe. Elles font l’objet d’une évaluation d’au moins deux années, au terme desquelles une commission pluridisciplinaire (composée de psychiatres, psychologues, endocrinologues et chirurgiens) confirmera ou non le diagnostic de transsexualisme et l’indication de transformation hormono-chirurgicale (THC).

Objectif

Le but de cette recherche est d’évaluer le bien-être des patients en postopératoire afin de confirmer la pertinence des décisions hormono-chirurgicales.

Patients et méthode

Nous avons interrogé, rétrospectivement, sur la base d’un autoquestionnaire élaboré par nos soins, tous les transsexuels opérés de 1991 à 2009 après évaluation psychiatrique à Foch, soit 266 transsexuels (un tiers masculin vers féminin [MF] et deux tiers féminin vers masculin [FM]). Le questionnaire interroge leur vie sociale, familiale, sexuelle et professionnelle, ainsi que leur état psychique et physique en postopératoire.

Résultats

Nous avons collecté des données sur 207 sujets (78 %), dont trois sont décédés. Il existe un fort taux d’activité professionnelle 85 % ; 90,5 % de FM contre 73 % de MF ; 9,5 % des FM sont inactifs contre 27 % des MF ; 72 % des FM ont un niveau d’étude supérieur (secondaire ou plus) contre 55 % des MF. Les FM (63,5 %) vivent plus souvent en famille que les MF (40 %). Les MF vivent majoritairement seules (55 %), mais l’ensemble des patients vivent plus souvent en union libre. Seuls 30 % des FM sont mariés, contre 10 % des MF. Les FM vivent majoritairement en couple (61,5 %) contre 41 % de MF. Les FM ont majoritairement des enfants par don de sperme. Peu de patients adoptent. Ils sont nombreux à élever les enfants de leur conjoint(e). La vie sociale des patients s’est globalement améliorée pour les deux groupes, sauf certains MF (10 %) qui souffrent de rupture familiale et amicale. La vie sexuelle s’est améliorée pour 73 % des MF et pour 56 % des FM car peu ont pratiqué une phallo-plastie (40 %) et la pose d’une prothèse érectile (24 %) ; 86 % s’estiment en bonne santé physique et psychique. Le taux de mortalité est faible : 1,5 %. Deux décès sont dus à un cancer et l’autre à un suicide (0,5 %). Les patients (92,5 %) observent un bon suivi médical postopératoire, soit par un endocrinologue (66,5 %), soit par un généraliste (26 %), et/ou par un psychiatre ou psychologue (8 %). Le taux de morbidité psychiatrique postopératoire est de 3 % et d’utilisation de toxique chez 2 %, tous des FM. Les délits en postopératoire ne sont le fait que de FM (7 %). Soixante pour cent des patients sont satisfaits de la chirurgie, 25 % sont insatisfaits et 15 % sont mitigés. Soixante et onze pour cent des patients imputent leur insatisfaction au manque d’esthétisme, et 46 % au manque de fonctionnalité ; 83,5 % des patients ont changé leur état civil, 14,5 % sont en cours. Deux patients (MF) n’ont jamais demandé de changement d’état civil, ils disent regretter. L’un d’eux a d’ailleurs demandé à revenir à son sexe de naissance. Quatre-vingt-quinze pour cent des patients n’expriment aucun regret ; 4,5 % ont ressenti parfois un regret, surtout au vu des résultats chirurgicaux.

Conclusion

Dans leur majorité, les patients expriment un bien-être psychologique et sexuel après opération. Cependant, on note une meilleure insertion sociale et familiale parmi les FM et une meilleure satisfaction chirurgicale et sexuelle chez les MF.

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