Attention, cet article contient de nombreux spoilers.
Très attendu, The Danish Girl était déjà sous le feu des critiques avant même sa sortie. Le choix de l’acteur possiblement cisgenre pour jouer un personnage transidentitaire a fait polémique. Outre le fait qu’il serait extrêmement violent d’obliger chaque acteurs ou actrices trans à s’outer, nous trouverions dommage que cette attitude cantonne de fait les acteurs et actrices transidentitaires dans des rôles trans. Il nous semble important que les acteurs et actrices trans puissent jouer n’importe quel rôle.
Cette biographie romancée inspirée du livre « Man into woman : the first sex change » retrace l’histoire de Einar Wegener qui devient Lili Elbe lors de sa dernière année de vie. Présentée comme la première femme trans à entreprendre une chirurgie de réassignation sexuelle, nous accompagnons Lili dans les différentes étapes de sa transition : de la prise de conscience à l’opération chirurgicale suivie de son décès.
Pour anticiper les critiques, nous précisons que ce film relate l’histoire d’une personne, qui était possiblement intersexuée, comme le film le laisse sous-entendre lors que Lili saigne du nez mensuellement avec des douleurs au niveau du ventre. Nous supposons que ce film n’est pas un documentaire qui se veut exhaustif sur la diversité des parcours trans, mais est bel et bien une biographie romancée. Comme nous le précisons sur ce site, il n’y a pas un mais des parcours de transition. Le reste de cet article se place dans cette optique.
Il faut se placer à une époque pas si lointaine puisque cette histoire se déroule dans le Danemark des années 30, les mœurs et la société sont différentes d’aujourd’hui et nécessairement le parcours trans est forcément binaire.
Quittons la politique contemporaine pour enfin parler du film.
Nous retrouvons Eddie Redmayne et Alicia Vikander dans les rôles de Einar Wegener/Lili Elbe et de sa femme Gerda Wegener. Le film nous emmène rapidement à la scène où Einar doit enfiler des bas et tenir une robe pour remplacer une amie de Gerda que cette dernière est en train de peindre. Au moment où Einar touche le tissu de la robe, nous pouvons sentir la naissance de Lili, c’est d’ailleurs l’amie de Gerda qui l’affublera du surnom de Lili. Plus loin dans le film, nous apprendrons que Lili existait bien auparavant et même dès l’enfance lorsqu’elle jouait avec ses amis.
Très rapidement, Lili fera des sorties en public accompagnée de sa femme pour qui tout cela ne reste qu’un jeu. Un jeu, celui de découvrir l’autre genre social, car il faut bien l’avouer, lorsque nous avons été éduqué dans le genre assigné à notre naissance, changer de genre social s’apprend, et c’est « souvent » par l’intermédiaire de ces jeux que nous avons l’opportunité de cet apprentissage. Ce jeu qui peut être à la fois excitant car transgressant un interdit social et à la fois délivrant car permettant de s’approprier doucement le genre social d’arrivée et de se rendre compte de la plausibilité d’une telle transition. C’est ainsi que dure le film The Danish Girl pendant un certain temps, à travers différentes « découvertes » comme lorsque Lili a sa première aventure avec un garçon, mais lorsqu’elle s’aperçoit qu’elle est en réalité dans une relation homosexuelle masculine, elle s’enfuit, car elle ne se sent pas considérée comme femme, mais comme un homme qui se travestit, et ce n’est pas ce qu’elle est. Le film met en avant aussi ce que nous appelons la transphobie médicale avec la réaction des médecins de l’époque, que l’on retrouve encore aujourd’hui. La considération de folie, de perversion ou encore de schizophrénie, Lili doit même s’enfuir d’un hôpital par la fenêtre pour éviter d’être internée de force par le médecin qu’elle est venue consulter. Nous retrouvons aussi, mais peut être maladroitement amenée, la transphobie sociale à travers une agression de rue, et bien que cette scène serve à la dénoncer, elle arrive un peu comme un cheveu sur la soupe.
Eddie Redmayne est saisissant dans son interprétation de Einar Wegener/Lili Elbe, cependant nous regretterons le manque de travail de sa voix qui rend l’ensemble peu cohérent ainsi que les limites d’un acteur qui n’arrive pas à faire ressortir les sentiments qu’une personne trans peut avoir lors d’une transition, notamment, la scène où Lili ne veut plus laisser sa place à Einar lors que Gerda l’implore qu’elle veut retrouver son mari, qu’elle a besoin de son mari. Eddie Redmayne qui avait jusque-là un sourire qui convenait bien à la situation n’a pas su exprimer une autre émotion que ce même sourire quelques soient les scènes du film.
Ce film narre l’histoire d’Einar Wegener qui devient Lili Elbe, mais cette histoire, c’est aussi celle de Gerda Wegener, la femme de Lili, parfaitement interprétée par Alicia Vikander, de son amour inconditionnel et de son soutien indéfectible. C’est par elle que Lili existe lorsque pour la première fois elle lui fait porter une robe pour remplacer sa muse, c’est elle qui la maquille pour la première fois et c’est finalement elle qui l’emmènera voir le médecin pour la chirurgie dite de réassignation. Tout en sachant qu’elle perd au fur et à mesure l’homme qu’elle aime pour qu’il puisse devenir la femme qu’elle est - oui cette phrase est compliquée -, Gerda accompagne Lili dans toutes ses démarches, à la fois sociales et médicales.
Pour conclure, nous pouvons dire que ce film démontre que le soutien des proches, dans ce cas précis la compagne, est indispensable pour réaliser un parcours trans. Alors qu’elle aurait pu abandonner Lili ou abonder dans le sens des médecins dans l’espoir de garder l’homme qu’elle aime, elle lutte contre l’avis de tous, des médecins et de la société, Gerda refuse d’aller dans le sens majoritaire de la folie, de la perversion et de la schizophrénie.
Assez tristement, nous remarquons que les discriminations des années 30 sont toujours d’actualités et c’est encore les mêmes mécanismes qui viennent discriminer les personnes trans.
Quoiqu’il en soit, espérons que ce film participe à la visibilité de la transidentité et pousse le grand public à mieux s’informer pour déconstruire leurs préjugés en les remplaçant par une information plus précise sur les personnes trans et de comment elles vivent.
Très attendu, The Danish Girl était déjà sous le feu des critiques avant même sa sortie. Le choix de l’acteur possiblement cisgenre pour jouer un personnage transidentitaire a fait polémique. Outre le fait qu’il serait extrêmement violent d’obliger chaque acteurs ou actrices trans à s’outer, nous trouverions dommage que cette attitude cantonne de fait les acteurs et actrices transidentitaires dans des rôles trans. Il nous semble important que les acteurs et actrices trans puissent jouer n’importe quel rôle.
Cette biographie romancée inspirée du livre « Man into woman : the first sex change » retrace l’histoire de Einar Wegener qui devient Lili Elbe lors de sa dernière année de vie. Présentée comme la première femme trans à entreprendre une chirurgie de réassignation sexuelle, nous accompagnons Lili dans les différentes étapes de sa transition : de la prise de conscience à l’opération chirurgicale suivie de son décès.
Pour anticiper les critiques, nous précisons que ce film relate l’histoire d’une personne, qui était possiblement intersexuée, comme le film le laisse sous-entendre lors que Lili saigne du nez mensuellement avec des douleurs au niveau du ventre. Nous supposons que ce film n’est pas un documentaire qui se veut exhaustif sur la diversité des parcours trans, mais est bel et bien une biographie romancée. Comme nous le précisons sur ce site, il n’y a pas un mais des parcours de transition. Le reste de cet article se place dans cette optique.
Il faut se placer à une époque pas si lointaine puisque cette histoire se déroule dans le Danemark des années 30, les mœurs et la société sont différentes d’aujourd’hui et nécessairement le parcours trans est forcément binaire.
Quittons la politique contemporaine pour enfin parler du film.
Nous retrouvons Eddie Redmayne et Alicia Vikander dans les rôles de Einar Wegener/Lili Elbe et de sa femme Gerda Wegener. Le film nous emmène rapidement à la scène où Einar doit enfiler des bas et tenir une robe pour remplacer une amie de Gerda que cette dernière est en train de peindre. Au moment où Einar touche le tissu de la robe, nous pouvons sentir la naissance de Lili, c’est d’ailleurs l’amie de Gerda qui l’affublera du surnom de Lili. Plus loin dans le film, nous apprendrons que Lili existait bien auparavant et même dès l’enfance lorsqu’elle jouait avec ses amis.
Très rapidement, Lili fera des sorties en public accompagnée de sa femme pour qui tout cela ne reste qu’un jeu. Un jeu, celui de découvrir l’autre genre social, car il faut bien l’avouer, lorsque nous avons été éduqué dans le genre assigné à notre naissance, changer de genre social s’apprend, et c’est « souvent » par l’intermédiaire de ces jeux que nous avons l’opportunité de cet apprentissage. Ce jeu qui peut être à la fois excitant car transgressant un interdit social et à la fois délivrant car permettant de s’approprier doucement le genre social d’arrivée et de se rendre compte de la plausibilité d’une telle transition. C’est ainsi que dure le film The Danish Girl pendant un certain temps, à travers différentes « découvertes » comme lorsque Lili a sa première aventure avec un garçon, mais lorsqu’elle s’aperçoit qu’elle est en réalité dans une relation homosexuelle masculine, elle s’enfuit, car elle ne se sent pas considérée comme femme, mais comme un homme qui se travestit, et ce n’est pas ce qu’elle est. Le film met en avant aussi ce que nous appelons la transphobie médicale avec la réaction des médecins de l’époque, que l’on retrouve encore aujourd’hui. La considération de folie, de perversion ou encore de schizophrénie, Lili doit même s’enfuir d’un hôpital par la fenêtre pour éviter d’être internée de force par le médecin qu’elle est venue consulter. Nous retrouvons aussi, mais peut être maladroitement amenée, la transphobie sociale à travers une agression de rue, et bien que cette scène serve à la dénoncer, elle arrive un peu comme un cheveu sur la soupe.
Eddie Redmayne est saisissant dans son interprétation de Einar Wegener/Lili Elbe, cependant nous regretterons le manque de travail de sa voix qui rend l’ensemble peu cohérent ainsi que les limites d’un acteur qui n’arrive pas à faire ressortir les sentiments qu’une personne trans peut avoir lors d’une transition, notamment, la scène où Lili ne veut plus laisser sa place à Einar lors que Gerda l’implore qu’elle veut retrouver son mari, qu’elle a besoin de son mari. Eddie Redmayne qui avait jusque-là un sourire qui convenait bien à la situation n’a pas su exprimer une autre émotion que ce même sourire quelques soient les scènes du film.
Ce film narre l’histoire d’Einar Wegener qui devient Lili Elbe, mais cette histoire, c’est aussi celle de Gerda Wegener, la femme de Lili, parfaitement interprétée par Alicia Vikander, de son amour inconditionnel et de son soutien indéfectible. C’est par elle que Lili existe lorsque pour la première fois elle lui fait porter une robe pour remplacer sa muse, c’est elle qui la maquille pour la première fois et c’est finalement elle qui l’emmènera voir le médecin pour la chirurgie dite de réassignation. Tout en sachant qu’elle perd au fur et à mesure l’homme qu’elle aime pour qu’il puisse devenir la femme qu’elle est - oui cette phrase est compliquée -, Gerda accompagne Lili dans toutes ses démarches, à la fois sociales et médicales.
Pour conclure, nous pouvons dire que ce film démontre que le soutien des proches, dans ce cas précis la compagne, est indispensable pour réaliser un parcours trans. Alors qu’elle aurait pu abandonner Lili ou abonder dans le sens des médecins dans l’espoir de garder l’homme qu’elle aime, elle lutte contre l’avis de tous, des médecins et de la société, Gerda refuse d’aller dans le sens majoritaire de la folie, de la perversion et de la schizophrénie.
Assez tristement, nous remarquons que les discriminations des années 30 sont toujours d’actualités et c’est encore les mêmes mécanismes qui viennent discriminer les personnes trans.
Quoiqu’il en soit, espérons que ce film participe à la visibilité de la transidentité et pousse le grand public à mieux s’informer pour déconstruire leurs préjugés en les remplaçant par une information plus précise sur les personnes trans et de comment elles vivent.